La pénurie mondiale de semi-conducteurs, qui a gravement affecté la production automobile, pourrait connaître un certain soulagement après que les gouvernements néerlandais et chinois ont annoncé un assouplissement partiel des restrictions imposées à Nexperia, un fournisseur clé de puces traditionnelles. Cela fait suite à des mois d’escalade des tensions concernant des allégations de vol de propriété intellectuelle et d’activités financières non autorisées de la part de la branche chinoise de l’entreprise.
Le cœur du différend
La crise a commencé lorsque le gouvernement néerlandais a invoqué, en octobre 2023, des pouvoirs d’urgence pour empêcher Nexperia de délocaliser ses actifs, de licencier des dirigeants ou de prendre des décisions importantes sans approbation. Cette action découle des craintes que les dirigeants chinois de Nexperia, dirigés par le PDG Zhang Xuezheng, ne tentent de déplacer des équipements de production, des propriétés intellectuelles et des finances critiques vers la Chine.
Le gouvernement néerlandais prétend détenir la preuve que Zhang Xuezheng se préparait à siphonner les actifs des installations européennes. Pendant ce temps, Nexperia BV, la société holding de la société basée aux Pays-Bas, accuse Nexperia China de refuser les paiements pour les plaquettes, de détourner les sceaux de l’entreprise et de rediriger les paiements des clients vers des comptes bancaires non autorisés.
Soulagement temporaire, incertitude persistante
Le gouvernement néerlandais a suspendu temporairement l’ordre d’urgence, invoquant un « dialogue constructif » avec les autorités chinoises. En réponse, la Chine a assoupli certaines restrictions à l’exportation sur les activités chinoises de Nexperia. Cependant, une décision distincte de la Chambre des entreprises néerlandaise reste en vigueur, interdisant à Zhang Xuezheng d’occuper son poste et de garder le contrôle des actions Nexperia de Wingtech sous contrôle judiciaire.
Cette situation est critique car Nexperia est l’un des derniers fournisseurs européens de semi-conducteurs « hérités » – des puces électroniques plus anciennes, mais vitales, utilisées dans les fonctions du véhicule comme la direction assistée, les airbags et le verrouillage centralisé. L’entreprise fabriquait auparavant des puces en Europe, mais en expédiait 80 % en Chine pour y être traitées, testées et emballées.
Réponse de l’industrie et perspectives d’avenir
La VDA, l’association allemande de l’industrie automobile, a averti que l’approvisionnement reste incertain et que des perturbations de la production sont encore possibles. Nexperia BV elle-même recherche activement des « solutions alternatives en matière de chaîne d’approvisionnement » pendant que la crise se déroule.
Le différend met en évidence les tensions géopolitiques croissantes entourant les chaînes d’approvisionnement en semi-conducteurs. Wingtech, la société mère de Nexperia, a été ajoutée à la liste américaine de restrictions commerciales en décembre 2024, et les États-Unis ont par la suite averti Nexperia qu’elle serait confrontée à un embargo si Zhang Xuezheng restait aux commandes – une menace qui s’est matérialisée en septembre 2025.
L’assouplissement des restrictions constitue un pas en avant, mais les questions fondamentales de confiance et de contrôle sur les technologies critiques restent en suspens. La stabilité à long terme des opérations de Nexperia, et du paysage européen des semi-conducteurs dans son ensemble, dépendra d’efforts diplomatiques soutenus et de garanties concrètes contre une nouvelle dépossession d’actifs.
La trêve temporaire offre une lueur d’espoir aux constructeurs automobiles et aux fabricants d’électronique, mais les vulnérabilités sous-jacentes de la chaîne d’approvisionnement mondiale en puces persistent, exigeant une vigilance et une diversification continues.























